Comment le développement durable interroge
les questions sociales des Centres Sociaux et EVS ?
En 2021, la journée fédérale de la FCSI a rassemblé soixante-dix personnes, bénévoles et professionnels, représentant dix-neuf centres sociaux et espaces de vie sociale isérois.
Au lendemain de la COP26, témoin de l’échec des organisations internationales à proposer des solutions concrètes et scientifiquement réalistes face à l’urgence climatique, nous ne pouvons que questionner le rôle de l’action citoyenne face à ces enjeux, ainsi que l’urgence de se saisir à bras-le-corps du sujet. Quelle place alors pour les centres sociaux et EVS ?
La journée a débuté avec une conférence d’Aurélien Boutaud, afin de pointer les enjeux qui entourent les termes développement durable et pointer l’urgence de la crise écologique. Les termes « développement durable » sont présents dans les discours depuis plus de 20 ans. Ils traduisent l’idée d’un développement qui pourrait à la fois réduire les inégalités sociales et réduire la pression sur l’environnement. Mais cette idée de développement durable soulève un certain nombre de questionnements. Nous disons développement durable, transition écologique, crise environnementale… Y-a-t-il une bonne formulation ? De quoi parle-t-on et quels sont les enjeux qu’elles sous-tendent ?
Puis, une série d’ateliers nous ont permis de croiser développement durable et enjeux sociaux liés à la jeunesse, l’économie, la précarité, la justice sociale et la démocratie.
Depuis la Conférence de Rio, la COP 21 à Paris a réveillé en 2015 un certain nombre de mouvements de contestation pour le climat, parmi lesquels : Extinction Rebellion, Alternatiba, ANV-COP21… Mouvements dans lesquels de nombreux jeunes de moins de 30 ans se sont engagés. Les questions que nous posons alors sont : Quelles sont les spécificités de la jeunesse face aux questions écologiques ? Comment les jeunes se saisissent de ces questions, du lien entre enjeux du développement durable et enjeux propres à la jeunesse ?
Ces mouvements de contestation pour le climat ont par la suite rejoint d’autres mouvements en faveur de justice sociale, notamment pendant le mouvement des Gilets Jaunes, dès la fin d’année 2018. Comment alors regarder le développement durable comme un mouvement au-delà de la protection de l’environnement et faire le lien avec des enjeux de démocratie, d’inégalités, de justice sociale ? Comment définir ce qui est juste ?
Le 15 mars 2019, le groupe international de coordination du mouvement des grèves des jeunes pour le climat appelle à manifester par le biais d’une lettre ouverte qui commence par la phrase : « Nous, la jeunesse, sommes profondément préoccupés par notre avenir », mais comment lutter pour un avenir qui nous apparait si éloigné, lorsqu’il est question de survie au jour le jour ? Comment prendre en compte les questions de précarité dans la lutte pour une transition écologique ?
Enfin, le développement durable s’appuie sur 3 piliers qui sont : l’environnement, le social et l’économique. Avec pour finalité de trouver un équilibre cohérent et viable à long terme entre ces trois enjeux. Mais quels sont les enjeux propres à la dimension économique ? Comment questionner les modèles économiques et quelle place pour ce volet économique dans les centres sociaux et EVS ?
Au cours de cette journée, il a été pointé l’importance de placer le sujet de la transition écologique sur un niveau politique. La question de son appropriation, par et pour les centres, par et pour les habitants, est apparue comme fondamentale. Il est clair que nous devons faire preuve d’imagination pour réinventer des manières de fonctionner ensemble et de faire société qui soient durables. Mais il existe dans les fondamentaux des centres sociaux des logiques d’actions collectives qui préexistent sur lesquelles nous pouvons nous appuyer. La question des échelles (individuelle, collective, citoyenne) se dessine comme une première grille de lecture pour s’approprier le sujet.
Ce que nous retenons de cette journée de réflexion autour de l’environnement et du développement durable, c’est que nous sommes aujourd’hui au stade de l’urgence. Il est grand temps d’agir !
Il est évident que la notion de développement durable a évolué au cours de ces dernières années. Nous sommes toutes et tous conscient·es que la crise écologique est un problème et que nous ne sommes pas égaux dans la manière de vivre cette crise, ni dans la manière d’être impacté·es par cette crise. Aujourd’hui, le temps de la sensibilisation est obsolète, mais comment trouver les moyens d’agir ?
Le portage de politiques durables en matière d’alimentation dans les centres, l’accompagnement de collectifs de citoyens, la mise à disposition de lieux et l’aménagement de conditions propices à la rencontre et au croisement de problématiques sociales, économiques, de convictions écologiques… Sont autant d’expérimentations déjà menées dans nos centres sociaux et espaces de vie sociale, sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour trouver des moyens d’organiser cette transformation sociale dont nous avons besoin.